Mon travail cherche à s’incarner dans une expression de la disparition,ce qui surgit et disparaît en même temps. Il s’approche de la fiction par le travail de séquençage d’images,de rythme, de mise en écho et des choix de chromie. Habitée par l’idée d’une image en train de s’effacer, je cherche à mettre en avant l’incapacité de la photographie à fixer l’instant. Les notions de parcellaire, de fragment, de creux imprègnent mon travail. J’envisage la photographie comme trace (ce qu’il reste après la perte), je fais avec, c’est-à-dire je recompose, j’invente, je fais travailler. Je produis à partir d’elle, à partir des persistances rétiniennes accumulées. Décollée du réel, la photographie est ailleurs. La rencontre avec l’autre et la photographie sont énigmatiques ; cela alimente ma démarche et me tient en éveil. Tournée vers autrui, le travail est pourtant introspectif, va et vient entre l’autre, le monde, et moi-même. En photographiant je crée les
traces de mon passage et celui des phénomènes, je construis ma présence au monde.